Lutte contre la drogue et la toxicomanie

Lutte contre la drogue et la toxicomanie
Les milieux scolaires ciblés

La cellule de prévention contre la délinquance juvénile du groupement d’Alger de la Gendarmerie nationale et la sûreté de daïra de Chéraga ont improvisé, hier matin, une « journée de sensibilisation contre la toxicomanie en milieu scolaire ».

Cette manifestation a eu lieu au centre de formation professionnelle et de l’apprentissage (CFPA) de Chéraga. Une centaine d’apprentis en menuiserie et en broderie, notamment, ont eu droit à un mélange de conférences données par les représentants de ces deux corps de sécurité. La journée a été inaugurée en entonnant l’hymne national. Le premier à prendre la parole était le représentant du ministère des Affaires religieuses, non pas pour discourir sur le thème de la journée, mais pour réciter quelques sourates du Coran. En parallèle, les enseignants du centre surveillent les étudiants. L’orateur n’avait pas encore terminé sa récitation, quand un gendarme, maniant des fils électriques, a failli être électrocuté. Juste après, un documentaire sur la « dépendance de la drogue » a été servi. D’abord, des images sur les militaires et la vie en caserne avec ce commentaire : « La bonne condition physique est une condition sine qua none pour le militaire. » Conclusion du commentateur : « Militaire, n’approchez pas la drogue ! » Ensuite il a été question de tabagisme. L’on apprend ainsi que les Algériens ont consommé, entre 1965 et 1999, 21 tonnes de tabac avec une moyenne de 3,4 kg par fumeur. Des « ouf » sont lancés dans la salle et des élèves se font tirer les oreilles. Juste après, toujours dans le documentaire, l’on parle des champs de cannabis, en surfant sur l’Amérique latine, l’Asie et la … place des Martyrs (Casbah). « La drogue algérienne se caractérise par son taux élevé de substances toxiques », affirme-t-on. Enfin, il y aura des témoignages de trois jeunes présentés comme d’anciens drogués. A ce moment, les présents dans la salle ont ri. Ces trois personnes donnaient des leçons sur l’usage des stupéfiants et leurs conséquences. « J’ai connu la zetla dès l’âge de 9 ans », lance l’un d’eux. « Cela n’a rien à voir avec le chômage », assure un autre… Fin de projection, applaudissements. Maintenant, c’est au représentant de la police d’intervenir. Ce dernier, dans son discours, a fait le tour d’horizon de la criminologie à la sociologie, tout en évoquant de temps à autre le Prophète et le poète arabe Maârouf Errassafi. Le conférencier a alimenté son discours par les données controversées d’une enquête réalisée en 2006 autour de la consommation de la drogue en milieu scolaire. « 26% ont justifié leur comportement par la situation générale du pays », affirme-t-il sans sourciller. Il a avancé que « les enseignants doivent être qualifiés pour identifier les cas d’élèves accros ». « Six tonnes de cannabis ont été saisies en 2002, mais ce qui est caché est bien plus important », affirme-t-il. L’intervention de la psychologue de la cellule de prévention de la gendarmerie a jeté un froid dans la salle. Il était question des actes de violence et de viol sous l’effet des drogues. Le parent pauvre de cette journée reste la sensibilisation en milieu scolaire. La famille éducative (parents d’élèves et responsables) a été absente, bien qu’elle est la plus concernée.

Djamel Chafa