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 Aïssa Kasmi

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El Guelmi
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Nombre de messages : 218
Date d'inscription : 08/02/2007

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MessageSujet: Aïssa Kasmi   Aïssa Kasmi Icon_minitimeVen 19 Oct - 13:14

Aïssa Kasmi. Directeur de la coopération internationale à l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie
« La culture de la drogue est un virage qui peut mettre l’Algérie dans une situation difficile »


La consommation de drogue et surtout de cannabis a pris des proportions alarmantes en Algérie. Quelles sont, à votre avis, les raisons de cette triste évolution ?
Tous les spécialistes, que ce soit en Algérie ou ailleurs, savent que la drogue progresse et elle évolue assez dangereusement, et ce, pour différentes raisons. La première raison, à mon avis, est qu’il y a une offre. La drogue n’est pas chère, le cannabis notamment, il est assez disponible sur le marché et les réseaux de trafic de drogue font tout ce qu’ils peuvent faire pour que cette drogue se répande à travers les différents marchés. Le marché algérien est un marché potentiel par rapport à la jeunesse de l’Algérie, et par rapport même à des raisons géopolitiques. Pourquoi géopolitiques. Je fais référence au terrorisme. L’ensemble des réseaux de criminalité international et transfrontières n’a aucun scrupule à transformer l’Algérie en un marché de drogue. Si on n’a pas réussi à mettre l’Algérie à genoux à travers le terrorisme, j’ai le sentiment et la conviction que ces réseaux-là ce sont redéployés et ont réorienté leur activité pour faire beaucoup de mal à l’Algérie à travers la prolifération de la drogue. Les autres raisons sont bien entendu nombreuses ; en plus de l’offre qui est là, il y a aussi la demande qui progresse parce que les jeunes souffrent encore de beaucoup de problèmes sociaux, du chômage notamment. Il faut vivre ce chômage de ce jeune qui a vingt-cinq ou trente ans, qui a terminé ses études et qui ne trouve pas d’emploi, c’est un jeune qui est désemparé qui ne sait pas quoi faire, dont la famille est pauvre et ne peut pas subvenir à ses besoins matériels immédiats, pressants. Il se voit dans un désarroi qui le pousse à la drogue et autre chose. Toutes ces raisons réunies font que la drogue progresse.
Quelles sont les principales filières en cause ?
Il existe des filières qui constituent une sorte d’autoroute vers le Sud. Partant de la frontière ouest du pays jusqu’à la frontière est, en passant par El Oued, la drogue est acheminée pour arriver au Moyen-Orient et en Europe, en remontant via la Tunisie, Malte et l’Italie. La deuxième filière, c’est par mer, à travers les principaux ports algériens, la drogue parvient vers les ports à partir desquels elle est expédiée vers l’autre rive de la Méditerranée à bord d’embarcations spécialement faites pour ça, étant rapides et très bien équipées, notamment en matière de communication. Si par hasard le contrôle les surprend quelque part dans le large, ils jettent la marchandise par-dessus bord. Nous avons à travers beaucoup d’exemples retrouvé de la drogue sur nos plages et nos côtes rejetée par la mer suite à ce type de procédé.
En termes chiffrés, que représente le marché de la drogue en Algérie ?
Les chiffres nous font défaut actuellement, en dehors des chiffres exacts communiqués par les services de sécurité sur les opérations de saisies, personne n’est capable de donner avec précision, de façon scientifique, un chiffre pour dire qu’il y a tant de toxicomanes en Algérie ou tant de personnes qui consomment de la drogue. Cette absence de chiffres a poussé l’Office national de lutte contre la drogue, et en partenariat avec le CENEAP, qui est un centre de recherche en population, à lancer cette année une enquête nationale épidémiologique que nous pensons pouvoir terminer d’ici la fin 2007 et qui va déterminer avec des chiffres précis et actuels l’ensemble des aspects du phénomène de la drogue en Algérie. Qui consomme ? Quoi ? Comment ? Où ? Et à quel prix ? Une fois que nous disposerons de ces chiffres crédibles, nous arriverons à tirer beaucoup d’avantages, dont le premier étant que les politiques de lutte contre la drogue et la toxicomanie puissent se baser sur l’ensemble de ces données pour être corrigés et réévalués et de plus nous aurons à combler un vide qui parfois est exploité par des personnes irresponsables qui donnent des statistiques sans prendre conscience de l’impact d’un chiffre qu’on jette en pâture sans l’avoir vérifié, en disant que tant de filles algériennes ou de lycéens s’adonnent à la drogue. Des chiffres approximatifs qui ont un effet très négatif sur les opérations de prévention ainsi que sur les ménages. Lorsqu’une mère apprend par la voix d’un média que 45% ou 50% des filles s’adonnent à la drogue, c’est terrible.
D’un pays de transit de la drogue, l’Algérie connaît les prémices de la production de cannabis, comment expliquez-vous cette transition ?
Je pense que nous ne sommes pas encore arrivés à être un pays de culture de la drogue. Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie a toujours été pendant des années un pays de transit de la drogue, telle que classée au niveau international. Depuis quelques années, nous disons qu’il y a beaucoup de consommation, c’est un pays qui se transforme en consommateur de drogue, que sont le cannabis et les psychotropes. Maintenant, pour ce qui est de la culture, cette année, les services de sécurité ont tiré la sonnette d’alarme en signalant dans différentes régions du pays, à l’est et au sud et dans les montagnes, des tentatives de culture de cannabis, il y a des surfaces plus ou moins importantes et je crois que là c’est un nouveau virage qui est pris et qui peut mettre l’Algérie dans une situation difficile.
Est-ce que la législation doit s’adapter à cette nouvelle donne ?
La législation est nouvelle, elle date du 25 décembre 2004, et elle est extrêmement sévère, notamment contre ceux qui produisent de la drogue, surtout le cannabis, pour la revendre. Il y a des textes d’application qui vont sortir incessamment qui vont encore clarifier la situation et mettre cette loi en application dans tous les domaines, à la fois au niveau de la répression, de la prévention et du traitement des toxicomanes.
Est-ce que la culture de la drogue est un signe que la demande a augmenté ?
Bien entendu, il existe une relation presque organique entre l’offre et la demande, parce que c’est un marché industriel et commercial obéissant aux règles de l’offre et de la demande. Les réseaux de trafic de drogue sont là et veulent étendre la vente et la prolifération de la drogue, et la meilleure manière de le faire c’est d’encourager les gens à faire de la culture. La deuxième explication, c’est que le pays de la drogue est rentable, le but étant de fructifier le trafic. Si on ferme les yeux et si la société algérienne ne prend pas conscience du danger de la drogue, nous irons vers des menaces et des dangers beaucoup plus graves que maintenant.

Nadjia Bouaricha
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Aïssa Kasmi
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