Fumez, votez, dormez

Fumez, votez, dormez

Ce n’est peut-être pas une coïncidence ; au moment où la campagne électorale pour les législatives démarre, des saisies record de drogue, cannabis, opium et cocaïne, ont lieu. Pourquoi maintenant ? Deux explications sont avancées par les spécialistes en macroéconomie politique. D’abord, après avoir tout essayé, des partis politiques en compétition utiliseraient maintenant des drogues hallucinogènes pour convaincre les électeurs que leur programme est le meilleur. Ensuite, les électeurs, en prévision des tonnes de langue de bois qui vont s’abattre sur le pays, ont déjà opté pour de douces soirées de rêve, en fantasmant sur les paradis perdus. D’où la tension sur le marché, d’où les grosses quantités écoulées, d’où les saisies. Ces explications valent ce qu’elles valent, c’est-à-dire pas grand-chose, mais ce qui est sûr, c’est que le pouvoir est une drogue. Dure, très dure. Ce sont les mêmes personnes, autant au pouvoir que dans l’opposition, qui affichent leurs têtes de liste en expliquant aux électeurs qu’ils ont changé et vont maintenant se battre pour des choses sérieuses. Drogués au pouvoir et aux avantages socioprofessionnels en découlant, ils sont prêts à tout pour rester dans leur fonction. Les électeurs ont-ils changé ? Les responsables politiques ont-ils changé ? Les élections ont-elles changé ? Dans les programmes politiques des partis en lice, on retrouve les mêmes thèmes qu’il y a 10 ans, à savoir la lutte contre la bureaucratie, celle contre la corruption, la paix, l’unité nationale, la sérénité et la réconciliation. Le seul qui ait parlé de libertés est Rebaïne, du parti Ahd 54. Et c’est bien. Flirtant sur le courant nationaliste et patriotique, tous les autres partis font semblant d’oublier que le combat de 1954 est d’abord un combat pour la liberté. Faut-il leur rappeler que demander plus de libertés n’est pas honteux.

Chawki Amari